Photos WhoMadeWho @ La Machine du Moulin Rouge 2011
Souvent, on se persuade de vivre un bon concert, on tape du pied en sirotant une bière, on hoche timidement la tête et on attend patiemment le glas des spotlights qui se rallument. Par habitude, on se dit, une fois parti, que c’était génial pour ne pas vivre dans la tristesse d’une soirée moyenne alors même qu’on n’a pas été dedans une seule seconde. On écrit trois lignes à la va-vite pour mentir avec gloire et on oublie l’amertume au fond de la gorge. Oui mais voilà, avec WhoMadeWho à la Machine du Moulin Rouge, on ne peut plus faire semblant. En cette soirée de mai 2011, il s’est passé quelque chose dans l’air. De l’électricité et de l’orgasme. Et si on avait tout simplement assisté à un concert d’anthologie ?
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Concert anthologique ou non, une vraie soirée de concert débute nécessairement par une première partie, à la hauteur ou non. Alors, à 21h précises ou aux environs, on a droit aux pétillants gAcHeTte oF tHe MAstiFF avec leur chanteuse androgyne et son look hypster. « Nous ne sommes pas WhoMadeWho » nous précise-t-elle au cas où nous avions raté un épisode. gAcHeTte oF tHe MAstiFF, pour ceux qui l’ignorent, officie dans l’electro pure et dure. Gros beats clubby à en décharner un porc, voix trafiquées, tous les ingrédients étaient réunis pour faire passer la Machine du Moulin Rouge en mode after. Tout juste regrettera-t-on qu’il n’ait pas été 3h du matin pour que la musique des gAcHeTte trouve sa véritable ampleur mais peu importe. Car, ça nous a quand même bien chauffés avant WhoMadeWho.
WhoMadeWho sur disque, c’est déjà costaud, mais en live, on évolue dans la haute sphère
Autant l’annoncer d’emblée et sans chichis, WhoMadeWho en live, c’est juste démentiel, renversant, tout simplement fabuleux. Et ce n’est pas pour faire du zèle mal placé. Car tout avait pourtant assez mal débuté. Alors que les trois Danois pénètrent sur scène pour cracher le liminaire et diabolique Evil School, quelque chose jure et fait défaut. Le son est abrasif, frontal et sans effets. Pour un peu, on se serait presque cru à un concert de metal. Mais pas de panique, ce n’est que la machine à déverser de l’electro en fusion qui fait des siennes. Rien de grave donc.
Alors, une fois remis d’aplomb et comme piqué au vif par ce coup du sort, WhoMadeWho va réagir en distillant un incroyable Inside qui remet les pendules à l’heure dans une ambiance déjà moite et fervente. Il n’y a pas à dire, WhoMadeWho sur disque, c’est déjà costaud, mais en live, on évolue dans la haute sphère. Sous une pluie de napalm, le riff claque toujours au bon moment, la basse ronronne comme il faut, l’electro arrache et le batteur lâche les chevaux. On en a vu des groupes jumelant plus ou moins habilement electro et rock, des formations capables d’envoyer du riff et de la basse sur une prod’ electro pas trop dégueulasse. Mais chez le trio danois, quelque chose fait que l’alchimie prend différemment.
Le spectateur se fait prendre dans un tourbillon entre tuerie rock, disco punk, fureur electro et vibe new wave très 80’s
Tout en échos ou en disto, les séquences peuvent se montrer alternativement planantes, abruptes ou très clubby. Constamment, le spectateur se fait prendre dans un tourbillon entre tuerie rock, disco punk, fureur electro et vibe new wave très 80’s, le tout avec une force sans commune mesure. Et ce, quel que soit le morceau joué par WhoMadeWho, qu’il provienne du tout premier album (Space for Rent, Keep Me in My Plane ou Out the Door) ou de l’un des trois autres opus.
Si, sur scène, la magie du groupe prend aussi bien, c’est aussi – il faut le reconnaître – grâce au charisme tantôt flegmatique tantôt incendiaire de Tomas Hoefding (basse, chant) et Jeppe Kjellberg (guitare, chant) habillés ce soir-là en improbables fantassins de la guerre de sécession, casquettes qui vont avec. En avant sur la petite scène de la Machine du Moulin Rouge, tous deux montrent une propension sensationnelle à faire le show et le plaisir se lit sur leurs visages. Et dans leurs gestes toujours en totale interaction avec un public au sein duquel se propage une vibe incroyable et rarement vue à ce niveau-là.
Rarement une telle émotion ne s’était propagée dans une salle
Du coup, le groupe n’a aucun mal à se lâcher et concrétiser l’osmose qui règne entre ses membres. Sur la reprise du Flat Beat de Mr. Oizo, Jeppe joue de la guitare avec une canette de bière. A de multiples reprises, Tomas monte sur la batterie, tape dans les mains tendues du public et s’octroie même un petit bain de foule de dingue en fin de parcours sur le tout récent et absolument dantesque Every Minute Alone. Juste jubilatoire.
On aurait tort de prétendre qu’on a assisté au concert fabuleux et confidentiel d’un tout nouveau groupe amené à devenir énorme, WhoMadeWho s’étant déjà produit au Point Ephémère en 2009 et tournant régulièrement en Europe. Mais toujours est-il que, foi de spectateurs hurlants, sautillants et moites au cours du rappel (Out the Door / The Loop), rarement une telle émotion ne s’était propagée dans une salle. Et nous y étions. Et nous nous en souviendrons longtemps.
LA SET LIST COMPLÈTE :
EVIL SCHOOL
INSIDE
SPACE FOR RENT
FLAT BEAT
ROSE
KEEP ME IN MY PLANE
TV FRIEND
THE SUN
THE SHALALA SONG
TIME
EVERY MINUTE ALONE
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OUT THE DOOR
THE LOOP
/// Textes : Oscar Kamerlein /// Crédit photos : © Joëlle Rasoarivelo ///
Jeppe Kjellberg Machine du Moulin Rouge Tomas Barfod Tomas Hoffding WhoMadeWho