Photos Panda Bear @ La Gaîté Lyrique 2011
Alors que Kaiser Chiefs peine à remplir l’Olympia et que Lenny Kravitz tente de faire encore sensation auprès de la gent féminine à Bercy, Pixbear a choisi de ne pas suivre les vagues. En cette soirée hivernale, Noah Lennox (co-fondateur d’Animal Collective) et John Maus (claviériste au sein d’Animal Collective) se produisaient dans la Capitale des pigeons. Après un court moment de réflexion, nous nous sommes donc dirigés naturellement vers la Gaîté Lyrique car on ne raterait sous aucun prétexte le concert de Panda Bear.
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
Avec son passage remarqué l’année dernière, Noah Lennox est à Paris pour nous présenter Tomboy le successeur Person Pitch. Accompagné de Sonic Boom, Panda Bear offre aux Parisiens un concert à la Gaîté Lyrique, une salle à taille humaine qui va si bien à la scénographie et au son de Panda Bear. Mais avant d’écouter ses oeuvres, un warm up assuré par la DJette Stella OM Source (Christelle Gualdi) s’impose au public. Durant près de 30 minutes, Stella OM Source fait patienter les Parisiens tant bien que mal avec son mix marqué fortement par le son du synthé. On attend patiemment la tête d’affiche, les mains dans les poches, une bière à la main (pas évident comme figure mais on a plein de ressources).
Dès le début du concert, nous sommes dans une autre dimension
Il est 21h, l’entrée de Panda Bear s’accompagne d’une intro. Le tout se passe totalement dans le noir. Panda Bear et Sonic Boom (Spacemen 3) se placent sans se presser et ouvrent le set avec You Can Count on Me. Des visuels colorés, étranges et psychédéliques sont projetés sur un écran géant. La synchronisation entre les images et le son a été étudié au millimètre près. Dès le début, nous sommes emportés dans une autre sphère. Confinés dans la navette pilotée par Noah, nos oreilles jubilent. On se sent déjà très loin.
Le périple déjanté mais sans champi se poursuit avec Tomboy, comme sur l’album. Panda Bear respecte pour l’instant l’ordre des titres tels qu’ils présentés sur le disque. La voix de Noah résonne et fait écho. Deux sens (l’ouïe et la vue) sur cinq en prennent une bonne dose. Ce qui est certain, c’est que, dès le début du concert, nous sommes dans une autre dimension. On s’envole quelque part entre Mars et Saturne. Ça plane sévèrement. Tandis que Noah assure aisément le rôle de capitaine, Sonic Boom reste concentré sur sa mission, joue avec ses instruments aussi impressionnants visuellement que musicalement.
Le son est cérébral, électrique et bizarre
Entre chaque titre, le public n’a pas le temps d’applaudir car Panda Bear a décidé d’enchaîner les morceaux. Les nouvelles chansons se succèdent sans crier gare. Les yeux fermés, les têtes vers le ciel, les fans du premier rang commencent à adopter une figure peu commune. Comme s’ils s’étaient tous donné le mot pour faire une prière aux dieux de la bizarrerie tandis que la fumée et les lumières éblouissantes aveuglent les yeux et envahissent la scène. A peine visible, Noah semble totalement possédé.
Au bout de trois titres, on assiste à une courte pause, un petit blanc de rien du tout. Un semblant de respiration faussement calculé s’impose au public. Cette suspension sera interrompue par un battement de coeur accompagné d’un son entre le xylophone et le synthé et la voix majestueuse de Noah. Puis vient Surfers Hymn, un titre marqué par le son de la vague (pas étonnant vu le titre). C’est un concept qui ne prend pas l’eau mais plutôt de la hauteur. Dans une atmosphère psychédélique, le son et l’image s’entrelacent, hypnotisent le public. Le son est cérébral, électrique, bizarre, tout simplement indéfinissable.
Panda Bear dans votre salon
Comme pendant une séance de spiritisme, on se demande quand on va basculer dans l’autre monde. Mais en fait, pas besoin, on y est déjà. Du moins, notre esprit n’est plus à Paris. Panda Bear a volé une part de nous et l’a emportée avec lui. A partir de Last Night at the Jetty, on se demande si Noah va nous présenter son opus en entier et dans l’ordre?! Et bah oui, il l’a fait mais avec des petites modifications notamment entre les titres, quand un fond sonore bien étudié annonce le prochain. C’est dire qu’on passe un bon moment. On écoute Tomboy en entier comme à la maison. Imaginez la scène : Panda Bear dans votre salon. Les voisins ne viendront même pas vous embêter car ils seront autant captiver par le son que vous ne l’êtes déjà.
De Drone à Afterburner, le son tabasse nos oreilles. Les murs en tremblent. La communion entre l’artiste et le public est palpable. Noah n’a pas besoin de s’adresser à ses fans. Sa musique s’exprime à sa place. Les effets sonores accidentels ou délibérés sont clairement assumés par le frontman. On constante néanmoins que quelques personnes ont quitté la navette spatiale. Peut-être qu’elles n’ont pas supporté ce voyage étrangement unique.
Une tête de mort est projetée sur l’écran pour illustrer Sheherazade
Panda Bear joue devant une salle presque pleine malgré les nombreux concerts qui se jouent un peu partout ce soir à Paris. Nous n’avons absolument rien à envier aux autres spectateurs. Nous sommes des privilégiés, hors du cliché de « la musique qu’il faut écouter et sur laquelle il faut danser ». Pendant Sheherezade, on se déconnecte un peu du concert. Cet air d’oraison funèbre est un peu angoissant. D’ailleurs, une tête de mort est projetée sur l’écran pour illustrer le morceau. Un peu mal à l’aise, on redescend sur terre gentiment le temps d’un titre.
On s’aperçoit alors que quelques « hypsters » sont présents dans la salle. On les reconnaît à leurs coiffes démesurées et leur fringues chinés aux puces. Etonnant de les voir ici, ce n’est pas trop le son qu’adulent ces « fashion victims »… On ne va pas leur jeter des pierres car ils se sont peut-être trompés de porte. Après tout, tant qu’il y a de la place… Après ce court instant de médisance, on se reconnecte avec Panda Bear. Il reste encore quelques titres de Tomboy à ne pas négliger.
Comfy In Nautica et Bros nous rendent nostalgiques, ivres de beats et de psychédélisme
A la fin du concert, nos trois derniers sens sont comblés. Noah a réussi à nous toucher. On a senti nos coeurs battre au rythme de sa voix et de sa démesure. On a goûté à la satisfaction tellement sa musique est incomparable. Le set s’achève sur Benfica. Noah s’adresse au public pour la première fois pour le remercier et le duo quitte la scène sous une tonne de fumée et un bruit de fond. Les applaudissements et les brouhaha fusent aussitôt.
Au bout de trois minutes de pause, Panda Bear revient et entame le rappel avec deux titres tirés de l’album Person Pitch. Comfy In Nautica et Bros nous rendent nostalgiques, ivres de beats et de psychédélisme. On se sent pousser des ailes au son du hibou. Le voyage avec Noah prend fin. Terminus, tout le monde descend. Le trip d’une heure et demi fut intense. Cette odyssée forte en émotions avec des secousses inattendues nous a emballés et on a atterri sans séquelle. Merci pilote Noah. Le bruit du moteur vibre encore lorsque le public commence à se diriger vers la sortie.
Le mot de la fin : Panda Bear, un univers mirifique. En même temps, un mélange de panda et d’ours ne peut qu’être très rare. Préservons ce concert excentrique dans nos têtes en attendant le prochain !
LA SET LIST COMPLÈTE :
YOU CAN COUNT ON ME
TOMBOY
SLOW MOTION
SURFERS HYMN
LAST NIGHT AT THE JETTY
DRONE
ALSATIAN DARN
SCHEHEREZADE
FRIENDSHIP BRACELET
AFTERBURNER
BENFICA
:::
COMFY IN NAUTICA
THE PREAKNESS
BROS