Photos Pitchfork Music Festival 2012 /// Jour 3
Toutes les bonnes choses ont une fin. Après avoir effectué une vingtaine d’aller-retours dans la Grande Halle de la Villette (Paris) au cours des deux premiers jours du Pitchfork Music Festival, il restait encore une tripotée de concerts à voir en cette troisième journée. Cloud Nothings, Purity Ring, Twin Shadow, Liars, Death Grips, Breton, Grizzly Bear et une soirée electro avec entre autres Totally Enormous Extinct Dinosaurs, plus communément abrégé TEED, et Simian Mobile Disco nous tendaient les bras. Et nous, on a tendu les oreilles…
Isaac Delusion, Cloud Nothings, Purity Ring…
Comme les deux premiers jours, le festival ouvre ses portes aux alentours de 16h30 et on entre sans trop attendre dans la Grande Halle de La Villette. Il fallait en effet être très courageux pour arriver à l’ouverture tout en sachant que la programmation allait nous emmener jusqu’à 6h du matin… Après une entame de qualité assurée par Isaac Delusion, Cloud Nothings ouvre les hostilités avec un set qui ressemble à s’y méprendre à celui présenté plus tôt dans l’année au Point Ephémère (Paris).
Dylan Baldi et ses amis nous proposent une prestation d’une quarantaine de minutes placée sous le signe de l’indie rock et du grunge 100% américain. De Fall In à No Future/No Past, ils passent en revue leur album Attack on Memory. La voix du frontman est un peu éraillée (voire fatiguée) mais le set passe comme une lettre à la poste oscillant entre des atmosphères à la Nirvana et à la Smashing Pumpkins des débuts… Mention spéciale au long morceau Wasted Ways toujours aussi efficace en live.
Après une dizaine de minutes de battement passée à observer l’étrange installation de Purity Ring, le duo canadien entre en piste. Corin Roddick lance la première programmation du concert. Megan James le rejoint au chant. Les claviers et autres machines de Corin sont cachés par une structure originale qu’il a lui même créée. C’est visuellement très réussi. Des programmations dream pop élaborées viennent soutenir la voix de Megan qui rappelle immédiatement son aînée Björk. Les lumières sont magnifiques. Le duo emporte le public dans son monde et enveloppe les spectateurs avec ses percussions électroniques. La Grande Halle est réceptive et commence à bien se remplir.
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
Twin Shadow, Liars…
Ils sont en effet venus nombreux pour voir l’artiste suivant Twin Shadow programmé à l’heure de l’apéro. Le charismatique George Lewis Jr., dont la voix et les compositions rappelleront pas instant David Bowie, entame sa prestation avec Golden Light, morceau d’ouverture de son nouvel opus Confess. Une présence indéniable et des titres tour à tour conquérants, aériens et plein d’âme… ce garçon a tout pour réussir. Sur une de ses dernières chansons, il demande aux spectateurs de faire tournoyer leurs t-shirts au dessus de leur tête en arguant que ça n’a marché qu’une seule fois en plusieurs tentatives. Ce soir, ça marche un peu. Quelques fans jouent le jeu. Mais il ne fait vraiment pas assez chaud pour se découvrir totalement.
Et puis à 20h, changement d’ambiance. Une musique des années 50 annonce l’arrivée très attendu des barjots new-yorkais de Liars. On les avait déjà expérimentés cette année au Nouveau Casino (Paris) à l’occasion de la sortie de leur nouvel opus WIXIW. On était donc préparé. Sur le fond de la scène, un écran diffuse des images d’un home studio rempli d’instruments que le groupe vide au fur et à mesure de sa prestation. Angus Drew surgit en costume les cheveux sur les yeux. Ses deux partenaires se place sur des synthés et des machines. Le trio entame son concert dans un esprit très electro foutraque. Le son est puissant et scotche la salle. Dès le troisième titre, Julian Gross s’installe à la batterie. Angus passe aux claviers. Liars se fait alors beaucoup plus expérimental. Le frontman lâche quelques cris simiesques alors que des torrents de décibels font trembler les murs.
Le groupe amène les spectateurs sur des terrains plus tribaux puis plus rock. Bref, il nous fait voyager dans un labyrinthe jusqu’à l’ultime chanson Broken, destinée bien évidemment à nous briser en deux, qui vient clôturer 45 minutes intenses et extatiques, peut-être les plus intenses que l’on a pu vivre pendant ces trois jours de festival.
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
Death Grips, Breton, Grizzly Bear…
Les spectateurs ont dix minutes pour aller se restaurer avant de poursuivre sur leur lancée avec Death Grips. Précédé d’une réputation d’ « enculeur de système » depuis qu’il a sorti sans l’accord de son label son deuxième album No Love Deep Web avec, en prime, une pochette présentant un sexe en érection, le duo de Sacramento (Californie) n’a plus besoin d’être présenté… Peu avant 21h (heure idéale pour digérer), les Américains débarquent sur scène. Stefan « MC Ride » Burnett, tatoué comme il faut, ondule et éructe dans son micro. A ses côtés, Zach Hill matraque littéralement sa batterie. Le son est d’une violence extrême. C’est l’apocalypse entre hip hop, electro et rock. Le volume est si puissant qu’on a l’impression que, plus on s’éloigne, plus c’est fort. Cette prouesse technique mérite des applaudissements. Le public soutient la démarche « fuck » du groupe. Ça ne fait aucun doute.
C’est donc totalement hagard que l’on se dirige à la manière d’un zombie vers l’autre bout de la Grande Halle. Breton s’y produit et, franchement, après Liars et Death Grips, qui nous ont fracassé le crâne, on se demande ce que les Londoniens font là… Le concert est néanmoins très agréable avec un Roman Rappak qui s’exprime très bien en Français. Sa présence vocale est indéniable. Les titres s’enchaînent. Le public danse et tape des mains. C’est gentillet et ça nous permet de redescendre tout doucement avant d’accueillir Grizzly Bear, la tête d’affiche de cette première partie de soirée.
Le groupe de Brooklyn (New York) est attendu au tournant par ses fans déjà amoureux de son nouvel opus Shields paru récemment. Grizzly Bear jouera d’ailleurs ce disque pratiquement en intégralité. Entre pop psyché et pop de chambre, les harmonies vocales de la formation font mouche. Le public semble comme envoûté par le groupe et la voix de son frontman Edward Droste. La set-list voyage entre Shields et son prédécesseur Veckatimest (2009). Inutile de préciser que, vers la fin du concert, lorsque le groupe entame Two Weeks, certaines jeunes filles frôlent l’évanouissement. D’autres s’imaginent au volant d’une Peugeot (chut, chut, pas de marque)… C’est bien gentil tout ça mais, nous, on a une soirée electro au programme.
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
Disclosure, Totally Enormous Extinct Dinosaurs, Rustie, Simian Mobile Disco, Julio Bashmore
L’ovation pour Grizzly Bear n’est même pas encore terminée que Disclosure donne le départ de la soirée electro aux alentours de minuit et demi. Une partie du public quitte la Grande Halle, une autre partie reste et se demande ce qui arrive, encore une autre partie a décidé de ne plus s’arrêter de danser, encore encore une autre partie attend à l’extérieur l’arrivée de Totally Enormous Extinct Dinosaurs que nous appellerons par la suite TEED par excès de fainéantise. On regrette de devoir attendre au moins 10 minutes avant le début du set du producteur et DJ anglais. On nous avait vendu une soirée electro, alors un break de 10 minutes, ça a tendance à calmer les ardeurs… Finalement, TEED redonnera de l’énergie aux festivaliers à grand renfort de grosse basse et de beats goulus.
Aux alentours de 4h, avec dans les pattes déjà 11 heures de festival (25h sur les trois jours), on est sur les rotules. Difficile de rester danser sur Rustie, Simian Mobile Disco et Julio Bashmore. Si vous avez assisté aux prestations de ces trois derniers artistes, n’hésitez pas à nous raconter votre expérience dans les commentaires de ce live report. Quoi qu’il en soit, merci Pitchfork pour ces trois jours de festival et cette très belle organisation (on n’en attendait pas moins d’une production américaine). Merci aussi à la boutique Rough Trade qui nous a permis de compléter notre collection de vinyles… On reviendra l’année prochaine si on survit au festival Les Inrocks prévu dans la foulée.
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***