Photos Refused @ Le Bataclan 2012
Après des passages au Hellfest et aux Eurockéennes de Belfort cette année, Refused se produisait au Bataclan (Paris) en cette pluvieuse soirée d’octobre 2012. Le groupe post hardcore et punk suédois, porte-étendard de l’anticapitalisme, remontait sur scène après 14 ans d’absence. Refused Are Fucking Dead ? No, Refused Are Fucking Resurrected ! Et c’était très bon.
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Le Bataclan ouvre ses portes à 18h30 pour pouvoir accueillir les deux premières parties de ce soir. Le plateau commence par les Parisiens de Sna-Fu qui viennent de sortir leur nouvel album Mighty Galvanizer. Malheureusement, nous arriverons trop tard pour les voir. C’est donc The Bots qui nous sert d’unique apéritif. Les frères Anaiah (batterie) et Mikaiah (guitare) Lei investissent les lieux à 19h55. Du haut de leurs 14 et 19 ans, les Californiens ont déjà trois albums au compteur (Self-Titled Album – 2009, Black and White Lights – 2010, Ladies & Gentlemen – 2011) et en préparent actuellement un quatrième. Ils déversent une énergie juvénile à grand renfort de guitare grasse et de batterie explosive à la White Stripes. Le récital dure 30 minutes et met en jambe le Bataclan.
On a attendu 14 ans, on peut bien encore attendre 5 minutes
Dès la fin du concert des Bots, une nappe sonore envahit la salle couvrant à peine le brouhaha des spectateurs. Les lumières du balcon s’éteignent et se rallument pas intermittence, histoire de bien exciter tout le monde. 20H48. Après l’usuel soundcheck, un rideau noir tombe sur la scène. 20H54. Les lumières s’éteignent, le Bataclan gronde alors que « Refused » apparaît sur le rideau et que la nappe devient de plus en plus assourdissante. On a attendu 14 ans, on peut bien encore attendre 5 minutes. 20H58. Refused apparaît enfin derrière le rideau. Dès la première déflagration de distorsion, le rideau tombe et les bousculades commencent sur The Shape of Punk to Come.
Le frontman Dennis Lyxzén apparaît plus en forme que jamais. Il monte sur les retours, jette son micro, le rattrape avec son câble, distribue des high kicks et saute dans tous les sens. Le son est propre et net. Ça commence très bien. Refused enchaîne avec l’agressif The Refused Party Program. Une ovation titanesque vient saluer ce morceau. L’obscurité se fait ensuite sur scène avant que le riff incisif de Liberation Frequency ne ramène la lumière et les crowd surfings. Sur ce titre plus indie rock, le Bataclan chante en choeur et admire les pas de danses de sauterelle de Dennis. Il se prend aussi quelques bonnes rafales rentre-dedans.
« Aujourd’hui, c’est encore pire qu’il y 20 ans »
« Merci beaucoup. Nous sommes Refused de Suède. Quand on a commencé, on voulait détruire le capitalisme. Aujourd’hui, c’est encore pire qu’il y 20 ans » lance le frontman. Il s’indigne du sort des Pussy Riot. « Si elles ont pris 2 ans, je devrais en prendre 42 ! Soyons heureux d’être dans un pays libre ! ». Il dédicace Rather Be Dead aux trois punkettes. Le rouleau-compresseur écrase la salle qui a droit à quelques jongles de micro à la Roger Daltrey. Au milieu de la chanson, Dennis empile deux retours et monte dessus. « Brother, be alive! » hurle le public avec lui. La tension monte jusqu’à l’explosion et un saut spectaculaire de Dennis. Les deux guitaristes, Kristofer Steen et Jon Brännström, se battent contre des ennemis invisibles. L’engagement est total.
Dennis entame ensuite seul Coup d’Etat, un appel à la révolution. Le groupe et le public le suivent. « Après avoir écouter les Dead Kennedys, je n’ai jamais plus été le même » précise-t-il avant d’envoyer Summerholidays vs. Punkroutine, ses guitares aiguisées et sa batterie bien sèche. Le frontman continue de tout donner sur scène. Pas étonnant qu’il soit aussi mince. Refused enchaîne sur les mises en place rythmiques furieuses de The Deadly Rhythm. Le batteur David Sandström s’en donne à coeur joie. Tout est distillé avec une précision chirurgicale. Suit l’introduction inquiétante puis la cavalcade de Hook, Line and Sinker. Dennis s’époumone comme un beau diable. Idem pour Protest Song ’68.
« Nous aussi, on a commencé par faire des premières parties et, après, on s’est séparé… »
Les Suédois ne relâchent pas la pression avec le bien-nommé Circle Pit. Le riff poreux et la batterie massive invite la fosse au circle pit. Après cette violente claque, le groupe reprend son souffle. « On a mis du temps à revenir. A la base, on devait faire dix concerts. On a joué cet été et puis maintenant. Je suis content que l’on continue encore pendant quelques mois » lance Dennis avant de remercier les premières parties. « Nous aussi, on a commencé par faire des premières parties et, après, on s’est séparé… Vous ne devriez pas écouter ce que je dis car Refused Are Fucking Dead ! ». Belle introduction à ce titre-testament du groupe.
Refused propose dans la foulée un matracage en règle avec Life Support Addiction. La rage du groupe est toujours à son apogée pour Worms of the Senses / Faculties of the Skull. Le pied sur le retour, Dennis jauge la foule. Un final apocalyptique avec des sirènes de police vient conclure cette bataille rangée. Il est 21h50 et le Bataclan, plongé dans le noir, se met à siffler, huer et applaudir pour obtenir un rappel.
Dennis nous gratifie d’une dernière roulade (arrière, s’il vous plaît)
Cinq minutes plus tard, les Suédois reviennent. Des guitares aériennes annoncent New Noise, un classique de Refused salué par des cris dans tout le Bataclan. La fosse se soulève à l’unisson. Les couplets calmes et les refrains brutaux font mouche. La salle chante avec la bave aux commissures des lèvres. Dennis descend dans les crash barriers, histoire de provoquer l’hystérie.
Les guitares résonnent comme une caresse avant la dernière fessée. Réflexion intérieure : « Oh oui, fais moi mal, j’ai été très très méchant, j’ai consommé, j’ai acheté un iPhone, je suis abonné à 555 chaînes de télévision, j’ai payé ma place… ». Refused vient pour nous punir avec un bon vieux Tannhäuser / Derivé. Le groupe souffle le chaud et le froid (l’occasion de souligner que le Bataclan a investi dans la climatisation). Dennis nous gratifie d’une dernière roulade (arrière, s’il vous plaît) sous les stroboscopes. « Merci beaucoup. On remercie tout le monde. Il faut toujours vous souvenir de rester sauvage ! De rester affamé ! » lance le frontman avant une nouvelle rafale post hardcore de 30 secondes accompagnée d’une nouvelle ovation.
22h10. Refused se rassemble au centre de la scène. Certains lèvent le poing. Dennis, chemise ouverte, fait signe de la main. Putain, que c’était bien.
LA SET LIST COMPLÈTE :
THE SHAPE OF PUNK TO COME
THE REFUSED PARTY PROGRAM
LIBERATION FREQUENCY
RATHER BE DEAD
COUP D’ETAT
SUMMERHOLIDAYS VS. PUNKROUTINE
THE DEADLY RHYTHM
HOOK, LINE AND SINKER
PROTEST SONG ’68
CIRCLE PIT
REFUSED ARE FUCKING DEAD
LIFE SUPPORT ADDICTION
WORMS OF THE SENSES / FACULTIES OF THE SKULL
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NEW NOISE
TANNHÄUSER / DERIVE