Photos Kai Fish @ La Flèche d’Or 2011
C’est accompagné d’une toute nouvelle formation, les Lights, que Kai Fish, bassiste emblématique des très Londoniens Mystery Jets, venait défendre sur la scène de la Flèche d’Or à Paris son Life in Monochrome, résultat convainquant d’une première expérience solo plus colorée que ne le laisse supposer le titre de l’album, sorti à peine quelques jours plus tôt. Une bonne occasion de découvrir en live, et dans un registre plus personnel, l’univers tout en douceur et en mystère de ce songwriter subtil, enfin sous la lumière directe des projecteurs.
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Une fois n’est pas coutume, la Flèche d’Or nous propose lors de l’une de ses Soirées Radieuses une programmation aussi éclectique qu’harmonieuse avec, aux côtés de Kai Fish, lancé dans un side project prometteur, les « popesques » américains de Love Inks, emmenés par la pétillante Sherry Leblanc, puis Eleanor Friedberger, en solo elle aussi, dans un registre folk d’une belle intensité qu’on ne lui connaissait pas avec ses Fiery Furnaces.
Mais pour l’heure, c’est au tour de Dear Reader, un combo sud-africain pop-folk réduit ce soir au duo Cheryl Mc Neil / Darryl Torr, d’avoir le redoutable privilège de lancer la soirée. Il fait étonnamment chaud sur la capitale en ce début d’automne, et la Flèche d’Or est encore à peu près vide. Heureusement, la voix envoûtante de Cheryl Mc Neil produit un effet immédiat sur un public qui jusque-là prenait ses quartiers d’été au petit bar situé en terrasse. La petite foule se rapproche peu à peu de la scène, et assiste à un très beau Dearheat, aussi jazzy qu’onirique, sur lequel la pureté de la voix de Cheryl est parfaitement secondée par le violon évanescent de Darryl. Une agréable surprise, qui annonce une soirée placée sous le signe de la douceur et de l’élégance.
La scène est presque trop petite, mais les fans sont ravis
Le show a pris pas mal de retard, car le public, sans doute à cause de la douceur ambiante, arrive au compte-goutte, sans se presser. Il faut attendre 21h45 (et que la salle soit suffisamment remplie) pour que Kai Fish puisse enfin se jeter dans l’arène dans de bonnes conditions. Mais les fans des Mystery Jets sont bien là maintenant, et ils ne boudent pas leur plaisir de retrouver Kai Fish dans un premier rôle qui lui va comme un gant.
L’air décontracté avec ses cheveux mi-longs et sa barbe de trois jours, il se présente sur scène entouré de sa nouvelle tribu, au grand complet (guitare, basse, batterie, clavier et chœur). La scène est presque trop petite, mais les fans sont ravis. Kai Fish, pour une première tournée solo, fait les choses en grand, signe que son escapade hors des Mystery Jets n’est peut-être pas qu’une parenthèse d’un seul album dans sa carrière.
Une classe innée, des mélodies épurées à l’extrême
Avec distinction et comme avec modestie, Kai Fish se lance dans l’aventure. Son timbre de voix, flottant et mélancolique, reste tout d’abord un peu emprunté à l’attaque du premier morceau, mais trouve finalement très bien sa place dans des compositions écrites sur mesure, et avec intelligence. Une classe innée, des mélodies épurées à l’extrême dont les refrains, diablement efficaces, vous restent en tête pendant des jours, voilà le cocktail gagnant de Life in Monochrome, un premier album plutôt romantique et introspectif, dont Kai Fish parvient sur scène à recréer, et presque avec désinvolture, l’intimité délicate.
Un vrai tour de force. Et puis le garçon prend peu à peu de l’assurance au fil des morceaux. Sa voix monte parfaitement sur My Anima, son premier single, dont la ligne de basse presque no wave assure un contrepoids astucieux à la rythmique aérée de l’ensemble. Il se rapproche également de son public en lâchant sa guitare sur Windows in Mirrors, et conquiert en un tour de main le cœur des filles du premier rang, qui le dévisagent déjà avec fébrilité.
On aurait bien voulu que ce set d’une petite heure à peine se prolonge encore un peu
Mais Kai Fish n’oublie pas pour autant qu’il est issu d’une mouvance rock indé. La ligne de guitare, surf et estivale sur Secret Garden, se fait beaucoup plus noisy sur Cobalt Creek et plus agressive encore sur Homerton Baby, sans doute le titre le plus enlevé de la setlist de ce soir, qui apparaît agréablement variée malgré l’allure générale des titres qui la compose, souvent aux faux airs de ballades.
Pas de rappel pour Kai Fish and The Lights ce soir, car les Love Inks et Eleanor Friedberger attendent encore en coulisses de pouvoir à leur tour fouler la scène de la Flèche d’Or. Dommage pour les fans (anciens ou tout nouveaux convertis) de Kai Fish, car on aurait bien voulu que ce set d’une petite heure à peine se prolonge encore un peu. Mais, vu la réaction plus que positive du public qui pour la plupart découvrait Kai Fish en live, soyons sûr que ce n’est que partie remise. Un opus tout juste sorti du four, et l’on attend déjà le prochain, preuve que la soirée a été bonne !