Photos Joan As Police Woman @ La Flèche d’Or 2011
Après une première partie tout en douceur assurée par les Suédois de Prince of Assyria, Joan Wasser, alias Joan As Police Woman, se produisait dans la chaleur de la Flèche d’Or avec son troisième album The Deep Field. Reine de la pop-soul, tout autant que PJ Harvey est reine du rock, l’artiste a comblé tous ses sujets.
*** Les photos ne sont pas libres de droits ***
Peu après 20h, Prince of Assyria entame en douceur la soirée. En une trentaine de minutes, le groupe présente son premier album Missing Note. Emmenée par le songwriter suédois Ninos Dankha, la formation propose un set folk posé et intimiste. Après cet apéritif frais qui ne réussit pas à rafraichir la chaleur étouffante qui règne dans la Flèche d’Or, le public va se désaltérer au bar. Pendant ce temps, le staff de Joan As Police Woman prépare la scène. L’installation prend un peu de temps. A partir de 21h, les spectateurs commencent à s’impatienter. Joan se fait désirer.
« Je m’appelle Joan Femme Flic »
C’est finalement à 21h20 que Joan As Police Woman entre en scène. La chanteuse démarre seule aux claviers le soulful The Action Man. Elle est rejointe rapidement par ses deux musiciens, un deuxième clavier et un batteur. Le son est particulièrement bon et on ne regrette pas d’avoir patienté aussi longtemps. La voix de Joan, doucement écorchée et bluesy, sonne à la perfection. La Flèche d’Or réserve une ovation au trio et réagit positivement en entendant les premières notes de The Magic. Sur une base groovy, la chanteuse ondule sur les notes et dévoile son côté sauvage. Le batteur et le clavier soutiennent parfaitement l’ensemble.
Mais Joan n’est pas seulement une claviériste, elle sait aussi jouer de la guitare. Le temps de s’accorder, elle parle avec le public et fait part de son regret de ne pas savoir bien parler le Français. Elle tente un « Je m’appelle Joan Femme Flic », ce qui fait bien rire la Flèche d’Or. « J’habite à Brooklyn. A part fumer des joints et prendre du poppers, c’est seulement ça que j’ai appris à dire au lycée. Nous étions terrible avec notre professeur, c’est pour ça que je ne parle pas le Français. Je devrais connaître des blagues en français pendant que je m’accorde mais je ne connais que de sales blagues en anglais ». Le public rit de ces confidences bien sarcastiques. Mais, place à la musique, Joan As Police Woman livre Chemmie entre soul, blues et rock. Dans une ambiance de bar moite et enfumée, elle lâche sa voix sur un final très énergique.
« Paris et New York ont des attitudes extrêmes. Si on se battait, ce serait laid et sanglant »
Les chansons de Joan sonnent comme des classiques. Avant d’aller plus loin, elle présente ses camarades : Tyler Wood au moog, à la basse et au chant et Parker Kindred à la batterie « et plein de choses que je ne peux pas dire sur scène ». Joan As Police Woman livre ensuite Hard White Wall, extrait de son nouvel opus. Sur cette composition plus complexe, la chanteuse module sa voix à merveille. Joan se plaint de son retour à l’ingénieur du son. Une fois le problème résolu, elle enchaîne sur Anyone, une belle chanson d’amour, le genre de chanson pour exprimer à celui ou à celle que l’on aime à quel point il ou elle est spécial(e) et à quel point il ou elle nous fait du bien. La Flèche d’Or écoute sans faire de bruit et salue bruyamment cette interprétation.
« Paris et New York ont des attitudes extrêmes. Si on se battait, ce serait laid et sanglant » lance-t-elle avant de poursuivre aux claviers avec le slow Run for Love. Au fur et à mesure, la chanson s’emballe et monte en intensité. Sous des lumières vertes, Joan chante dans un micro qui ajoute un effet distorsion. Tyler nous livre un solo de claviers au son cosmique. Après ce passage aérien, la chanteuse reprend la guitare. Elle sort un mouchoir et se mouche violemment avant de le balancer au fond de la scène. C’est sale mais c’est cool. « Comment ça va ? J’ai passé une bonne journée aujourd’hui. J’ai vadrouillé dans la ville et j’ai parlé à plein de gens. Et vous, vous avez fait quoi ? ». Cette question absurde fait à nouveau sourire la Flèche d’Or.
Joan a quelque chose de Jeff Buckley dans la voix
Sa guitare bien accordée, elle se lance dans les arpèges légers de Flash. Dans le calme, une gravité s’installe sous des lumières rouges et une batterie discrète. « Merci à PIAS. Je t’aime. C’est embarrassant d’aimer un label autant mais je l’aime vraiment » dit-elle avant de dédicacer Nervous à sa maison de disques. Sur ce titre, Joan a quelque chose de son ex-petit ami Jeff Buckley dans la voix. Plus rock, elle se livre à quelques escarmouches à la guitare. La fin est totalement chaotique et fiévreuse. « Il fait vraiment chaud. Personne n’est mort ? » lance-t-elle avant de retourner aux claviers. Il faut dire que la chanteuse porte une combinaison noire en cuir qui, bien qu’aérée dans le dos, doit lui tenir très chaud. Sous les applaudissements, elle revient au blues et à la soul avec Save Me.
A la fin du titre, elle s’éponge. Un spectateur crit « A poil ! ». « Qu’est-ce que ça veut dire ? » répond-elle. « A boire ? Drinkin… Merci beaucoup ». Joan As Police Woman s’engage alors dans la berceuse soyeuse Kiss the Specifics. « Demain, on sera à Lille. Vous y serez ? » lance-t-elle avec une fausse innocence. « La fois où je suis allée à Lille, je suis allée dans un petit restaurant chinois. Les gens se sont mis à casser les assiettes et à jeter des couverts. C’est ultra-violent à Lille, non ? ». Le public parisien répond par un « oui » franc et massif. Pour calmer les esprits, Joan distille Forever and a Year seule à la guitare. Cette ballade sonne comme une prière. La scène est arrosée de fins projecteurs turquoises et verts. C’est l’instant émotion du concert, soutenu sur la fin par les claviers de Tyler.
Entre soul, blues, rock et pop, Joan déploie des talents de songwriter et d’instrumentiste qui imposent le respect
Joan As Police Woman livre ensuite Eternal Flame, extrait de son premier opus Real Life. C’est encore une ballade soul aux claviers vintage. A la fin de ce titre, Joan remercie ses collaborateurs et la Flèche d’Or. « Merci de nous avoir nourris » adresse-t-elle à la salle. « Merci à vous. Vous avez été un public magnifique ». I Was Everyone sonne la fin du concert. Le trio se place au centre de la scène et salue le public avant de s’en aller. La Flèche d’Or réclame un rappel et l’obtient sans trop attendre. Joan revient aux claviers pour le doux Real Life sur lequel plane à nouveau le fantôme de Jeff Buckley. C’est sur cette note émotive que s’achève plus d’1h30 de concert.
Joan As Police Woman est vraiment une artiste à part sur la scène indie. Entre soul, blues, rock et pop, elle déploie des talents de songwriter et d’instrumentiste qui imposent le respect. Elle sera de passage à la Laiterie de Strasbourg le 1er mars 2011 et elle a annoncé qu’elle reviendrait en France au cours de l’été prochain. A suivre…
LA SET LIST COMPLÈTE :
THE ACTION MAN
THE MAGIC
CHEMMIE
HARD WHITE WALL
ANYONE
RUN FOR LOVE
FLASH
NERVOUS
SAVE ME
KISS THE SPECIFICS
FOREVER AND A YEAR
ETERNAL FLAME
I WAS EVERYONE
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REAL LIFE