Photos Soap&Skin @ Le Trabendo 2012

Live Reports

Le Trabendo a ré-ouvert ses portes il y a quelques jours et ce retour est fracassant. C’est dans une salle toute colorées, toute étincelante, ayant bénéficié d’un très chic lifting que l’on va applaudir Soap&Skin et son nouvel opus Narrow.

A 21 ans, l’Autrichienne Anja Plaschg confirme ses talents de pianiste et de compositrice singulière. Ce soir, avec deux albums sur son CV Lovertune for Vacuum et Narrow, elle va se présenter sous une toute autre forme car elle sera accompagnée de musiciens et la soirée se déroulera sans première partie. La date parisienne est sold out depuis un petit bout de temps. A 30 minutes du début du show, ça se bouscule. La salle se remplit à vue d’oeil.

Nous avons la pluie, le savon et une foison de chair

Il est 21h tapantes quand les lumières s’éteignent. Nous avons la pluie, le savon et une foison de chair. On est prêt à prendre une bonne douche collective. Une intro annonce le début du concert. Anja investit la scène d’abord seule et commence son set avec Deathmental tiré de son nouvel album. Dès le début, la salle est totalement happée par la jeune femme. Un silence de communion règne dans l’antre du Trabendo.

Avec son air sauvage et totalement décalé, l’Autrichienne en impose. De Cynthia à Pray les compositions sont relevées. Ses prestations au piano sont excellentes. Imperturbable, elle donne la chair de poule. Prise dans son élan, Anja se lève pour aller chercher une musicienne. Les autres musiciens suivent un peu plus tard. Le décor est sobre (la scène est encadrée par des rideaux noirs) avec des jeux de lumières tantôt aveuglants, tantôt intimistes et une fumée dense.

Une ambiance scénique vive et inquiétante

Dans cette ambiance scénique vive et inquiétante, on pense tout de suite à Pere Ubu de par sa posture, sa tenue (une simple blouse comme pour aller travailler à l’usine), de par ses émotions dramatiques et déroutantes. A l’exception près que Pere Ubu aime boire et que, ce soir, le bar est exceptionnellement fermé à la demande de l’artiste. Mais, qu’à cela ne tienne, on est là pour écouter de la musique.

Les titres se succèdent et, entre chaque chanson, Anja instaure un rituel de mini pause. On entendrait presque une mouche voler si elle s’aventurait par là. Et il y a eu un petit moment infime, certes, où on décroche un peu. L’artiste transmet tellement (trop peut-être) d’émotions en peu de temps qu’il est très difficile de rester stoïque.

Anja est immensément habitée

Le spectacle de Soap&Skin est rarissime pour ne pas dire hors du commun. Anja se lève, fait les cent pas tel un animal en cage. Anja cherche un endroit sombre pour s’accroupir et se balancer en écoutant les musiciens jouer. Anja crie comme pour exprimer sa colère. Anja tremble ! Anja est immensément habitée. Anja est presque en pleurs. Ce qui se déroule sous nos yeux est assez déstabilisant.« Désolée pour mon accent » dit-elle avec un petit sourire au coin des lèvres avant de lâcher les premières notes de Voyage, Voyage. Cette reprise est assez audacieuse. On aime ou on déteste.

Au bout d’un moment, Soap&Skin fait tomber sa blouse et laisse apparaître une jolie petite robe noire mais ce n’est pas pour autant que l’intensité baisse. Au contraire, sur Vater, le volume est de plus en plus puissant avec un final en apothéose. Lost et Mr. Gaunt Pt 1000 adoucissent un peu le rythme mais ce ne sera que de très courte durée car elle en remet une bonne dose avec Marche Funèbre (Yasor) où des voix chamaniques citent des textes comme pour invoquer les esprits. C’est un silence de mort qui envahit la salle. Le Trabendo est totalement envoûté par l’univers de Soap&Skin. On arrive au terme de ce voyage mystique. Elle s’empare du micro et s’exprime de tout son corps au son inquiétant de Sugarbread. Le titre se termine et elle s’en va dans le noir.

A un concert de Soap&Skin, attendez-vous à ressortir entièrement renversé

Les applaudissements abondent. Elle revient pour livrer deux rappels constitués uniquement de reprises. Ça commence par Pale Blue Eyes du Velvet Underground, choix assez étonnant. A la fin du morceau, elle repart puis revient et se place au piano. Seule, elle nous assène le coup de grâce avec The End des Doors. Anja a hérité d’une folle énergie et d’une bizarrerie extrême. Anja est unique en son genre. Soap&Skin n’a rien à faire des jugements car, passer de Desireless à The Kelly Family ou The Doors, il faut le faire !

Pour conclure, à un concert de Soap&Skin, attendez-vous à ressortir entièrement renversé. Son univers musical est à la croisée de la musique classique, d’ambiances dramatiques, d’electro trafiqué qui fait penser à Björk et de beat minimaliste home made, le tout porté par une mélancolie profonde. Ecouter les albums de Soap&Skin à la maison n’a absolument rien à voir avec le show. Le contraste est saisissant !

LA SET LIST COMPLÈTE :

DEATHMENTAL
CRADLESONG
BIG HAND NAILS DOWN
CYNTHIA
EXTINGUISH ME
SURROUNDED
PRAY
THANATOS
FALL FOLIAGE
MELTDOWN
VOYAGE, VOYAGE (DESIRELESS)
LOST
VATER
SHE’S CRAZY (THE KELLY FAMILY)
MR GAUNT PT 1000
MARCHE FUNÈBRE (YRASOR)
SUGARBREAD